Whatsapp, Facetime ou encore Skype, qui semble dépassé, ont remplacé les rencontres en face à face auxquelles j’étais habitué au début de ma carrière, il y a 18 ans. Cette nouvelle façon de travailler me permet d’exercer ma passion à travers le monde avec la même efficacité et intégrité qu’avant, en toute liberté. Comme toujours, je n’ai pas d’a priori avec mes clients, je ne juge pas, je n’ai pas de méthodes miracles et encore moins de règles, à part être impliqué à 100% dans le processus de coaching que « nous le faisons ensemble ». Je m’adapte aux femmes et aux hommes qui me contactent, peu importe où ils habitent, qu’ils soient perdus, troublés ou bloqués dans leur chemin de vie. Si l’on pourrait penser que leurs ambitions, désirs, hésitations et dilemmes varient selon leur localisation, il n’en est rien. Après tout, ils sont très similaires.
Jean-Louis vit à San Francisco. Il a été muté de son entreprise, un laboratoire pharmaceutique bien connu, en échange d’une belle promotion. Il est seul ici. Sa femme et sa fille, restées à Nantes, le rejoindront dans neuf mois. « J’ai tenté ma chance, mais je ne sais pas si j’ai fait le bon choix. Ma culpabilité de mari et de père me ronge. Dois-je revenir en arrière pour les trouver ? Anne travaille à Johannesburg pour un diamantaire bien connu, « J’ai toujours refusé d’affronter l’exploitation cruelle des Noirs dans les mines situées à quelques kilomètres de mon bureau. Je suis dégoûté par ce qui se passe là-bas, autant que je suis dégoûté par ma lâcheté à laisser faire les choses. Sachant cela, comment puis-je vivre avec moi-même ? » Dorothe a rencontré son mari argentin à Sup’ de Co. Après avoir vécu dix ans à Paris, ils viennent de s’installer à Buenos Aires pour poursuivre leur rêve de devenir entrepreneurs indépendants et de fonder une famille. « La France ouvrière souffre d’une réunionite aiguë, tout prend un temps interminable, c’est insupportable. Juan et moi avons besoin d’action pour réaliser nos ambitions. Malgré l’excitation d’aller ailleurs, je panique à l’idée de vivre sans mes parents et amis à mes côtés, et alors est-ce vraiment une bonne idée d’élever mes enfants dans un univers inconnu ? »
Mon silence les surprend. Avant qu’ils n’évoquent un dilemme qui les taraude jour après jour et auquel ils ne peuvent échapper, il faut que leur cervelle épuisée puisse se calmer et prendre le temps de vivre et de réfléchir. Quand ils sont prêts, je suis prêt. Pourquoi avez-vous quitté la France ? Jean-Louis rit de bon cœur : « Je n’ai jamais été malheureux à Nantes, mais j’aime l’aventure, la nouveauté et l’exotisme. Cela titille ma créativité, que je n’ai pas le temps d’exprimer dans mon travail ». S’il y a de la colère dans la voix d’Anne la diamantaire, « Je me suis toujours senti différent des autres à Lyon. Je ne voulais plus vivre avec ce sentiment constant de m’excuser pour qui j’étais.Dorothy reste calme, « Je ne voulais pas quitter Paris et ne jamais revenir. Par contre, j’ai toujours eu en tête de voir un jour si j’avais le courage et les épaules larges pour aborder une autre culture ».
Jean-Louis, Anne et Dorothete se retrouvent derrière le concept de faire découvrir. Au lieu de voir leurs dilemmes sous l’angle de ce qu’ils ne sont plus, les Français vivant en France, je leur demande de les voir sous l’angle de ce qu’ils sont devenus, des aventuriers modernes. Voir grand! Et maintenant! Jean-Louis secoue mon écran d’ordinateur tant il est enthousiaste, « mais oui ! Au lieu de traîner dans mon coin à attendre que le miracle californien tombe du ciel, je vais préparer l’arrivée de ma famille en mettant ma créativité au travail. Ann est pensive, « J’ai peur d’être moi-même à Johannesburg, alors que c’est pour ça que j’ai quitté la France. Je n’ai pas à m’interroger sur mon avenir avec cette entreprise qui pratique l’esclavage moderne.. Dorothée est maintenant en action « prête à bousculer tout ce que je pensais rigide, déterminée à profiter des années que je passerai à Buenos Aires, à créer de nouvelles relations et à enrichir mes enfants de deux cultures complémentaires ».
Une fois les dilemmes enfin cernés sereinement, des solutions ont été élaborées, séance après séance, jusqu’à ce qu’elles paraissent claires. Jean-Louis a connu les joies du célibat forcé sans tomber dans ses erreurs. Lorsque sa famille le rejoignit après neuf mois d’absence (temps de grossesse…), il fut touché de les voir si heureux, confortablement installés dans un appartement qu’il avait choisi et meublé avec son cœur. Ann travaille toujours à Johannesburg, mais chez un plus petit diamantaire, moins réputé, mais en pleine harmonie avec son caractère et ses valeurs morales. Dorothe et Juan ont ouvert un magasin de meubles pour enfants toujours plein (ils se sont mariés en décembre dernier et un bébé est en route !).
Trois cheminements de carrière différents dans trois endroits différents de la planète, mais une chose en commun. Vouloir se sentir en harmonie avec soi-même et faire les efforts nécessaires pour y parvenir. Le coaching leur a appris ou confirmé que quitter son pays d’origine, c’est avant tout se lancer dans une aventure personnelle.
Nicolas Serres Cousinette, coach de vie des expatriés français à travers le monde
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