Le nombre attriste Mara Staub. En France, 95% des personnes avec autisme sont au chômage. Pas nécessairement à cause d’une déficience intellectuelle, mais parce que « les processus de Recrutement et l’acceptation dans les entreprises ne conviennent pas aux personnes autistes », explique l’entrepreneur de 24 ans.
Et la jeune femme, cheveux courts et sourire radieux, invoquer sauvagement l’ubiquité des clichésle manque d’écoute des besoins ou le mythe que l’hébergement est compliqué.
« L’autisme au travail »
Diagnostiquée elle-même autiste il y a trois ans, Mara Staub a lancé le projet Autypik, qui ambitionne de devenir une plateforme de recrutement « pensée par les autistes, pour les autistes ». Et à l’occasion de la Semaine européenne de l’emploi des personnes handicapées du 14 au 20 novembre 2022, elle a lancé son premier podcast Autisme au travail, donnant la parole aux personnes concernées.
Après être passée par La Ruche, au sein de l’accélérateur « Les Audacieuses » et actuellement en incubation chez Life for Good, elle vient d’être sélectionnée pour intégrer le programme d’accompagnement Matrice Cube.
IHP diagnostiqué
Mais elle ne s’est pas arrêtée là. Elle a récemment organisé la table ronde « Autisme et handicap : pluralisme en entreprise » à La Ruche. Cette conférence a notamment passé le micro à ceux dont « les modes de fonctionnement sont mis à l’épreuve face à la norme » des sociétés. Toujours agréablement surprise d’avoir pu réussir cet événement, Mara Staub, qui se dit « plus chaotique qu’organisée », ne craint pas un voyage qui l’a souvent blessée.
Dès la maternelle, où elle a appris à lire toute seule, cette aînée de quatre enfants a reçu un diagnostic de haut potentiel intellectuel (HPI). « Un acronyme synonyme de précocité qui rassure les parents mais dissimuleun échec communauté », dit-elle. Étudiante passionnée de graphisme, fille de Maÿlis Staub, serial entrepreneur, et de Sylvain Staub, avocat et fondateur de la start-up Data Legal Drive, elle s’occupe des powerpoints de ses présentations.
David Bowie, « modèle absolu »
Il a donc été décidé qu’elle ferait « les meilleures écoles d’arts appliqués et serait graphiste, puis directrice artistique ». Enjeux augmentés… en partie. Après Estienne et Olivier de Serre, l’anxiété et l’hypersensibilité prennent le dessus. Elle « s’effondre ».
Celle qui a David Bowie « comme modèle absolu » s’en tient alors à son autre passion, la musique. Si elle écrit et compose déjà, cette guitariste, bassiste et pianiste « a besoin d’un cadre ». Elle l’a trouvé à l’ATLA School of Music. En revanche, sans réseau, elle se produit à 21 ans au festival DeebsDay, près de Londres, interprétant deux de ses propres chansons.
« Peu importe les obstacles, elle les surmonte », raconte son ami Leo Thurn, qu’elle a rencontré à l’école primaire. Et ce chef de projet chez DDB Paris souligne qu’il « doit sa ténacité à son envie de comprendre et de faire avancer les choses ».
Épuisement associé à une suradaptation
Illustrant sa ténacité, Mara Staub a refusé de tracer une ligne sous les graphiques. Elle intègre la Fonderie de l’Image pour un BA en Design UX Eco-Responsable et passe par la post-production cinématographique chez Mikros Image. Entre-temps, le diagnostic est tombé, « comme une libération », a-t-elle confié. Épuisement, dépressions… cela est dû à une suradaptation constante au monde des personnes neurotypiques au comportement standard.
D’où son ambition d’expliquer l’autisme, d’abord à sa propre environnement parents, puis aux agents de sélection et à la société en général. Sa solution, Autypik, est actuellement en phase de « preuve de concept ». « Avec une entreprise qui pourrait devenir cliente bêta-testeuse, nous construisons un processus de recrutement adapté à ses besoins et à ceux des candidats autistes », explique celui qui dirige la bourse de la French Tech et qui cherche désormais des « associés ». .