De la gestion d’une entreprise au démarrage d’un bricolage, l’enthousiasme pour encadrement il n’est plus nécessaire de démontrer : il y a entraîneurs dans tous les domaines et pour tous les aspects de la vie. Mais un encadrement est apparue récemment plus globale, appelée « coaching de vie ». Il promet à l’individu non seulement de réussir ou de réussir dans un domaine particulier, mais aussi de réaliser un « la meilleure version de vous-même »pour reprendre une expression devenue iconique. Le mot est fort. N’avons-nous pas tout l’intuition que c vertu la distance à nous-mêmes qui nous habite – distance psychologique, mais aussi émotionnelle, cognitive et éthique – Sommes-nous interrompus par une tension interne, qui nous permet de nous juger et de nous transformer ? Mais le fonctionnement de encadrement à cette tension il révèle la contradiction inhérente au « développement personnel » : ce dernier veut vraiment améliorer l’individu en termes de performance, mais aussi en termes de bonheur, comme si le premier conduisait logiquement au second. La réalisation de l’individu devient le nouveau but : se réaliser pour être heureux. Il est étrange de supposer que le dictionnaire de encadrement, qui renvoie à l’entraînement, à la compétition, à la performance, permettrait d’atteindre la performance. L’ascétisme est-il proposé ? En général. sur encadrement de vie invite à une approche globale « tête, cœur, corps » pour mieux reconnaître ce dont nous avons besoin, ce que nous voulons vraiment et comment initier le changement nécessaire à la mise en œuvre souhaitée.
Intrigué par cette promesse et désireux d’en comprendre le mécanisme de l’intérieur, J’ai décidé de suivre quelques annonces et vidéos sur entraîneurs de la vie. Ils fonctionnent tous sur le même modèle : un manuel d’une trentaine de pages ou une vidéo d’environ 45 minutes est offert en échange de votre adresse mail, et cet outil cherche à vous inciter à suivre le programme et à prendre rendez-vous. premier diagnostic gratuit. Ensuite, il semble que la cultivation dépende d’une méthode, tout à fait universelle, qui permettrait à chacun de s’épanouir.
La première vidéo – de la coach Karine Leclerc Saliège – que je reçois après une inscription par mail, ainsi il m’explique de me tourner vers eux « qui veulent être heureux et aimés tels qu’ils sont ». Premier constat : mon mécontentement vient du fait que « Ma boussole est mal réglée » et cette méthode me permettra « Hackez mon système interne pour transformer vos résultats ». Un autre guide que j’ai lu avec un titre Les 10 compétences pour réussir sans manquer de leadershipde entraîneur de la vie agréé Jenny Chamasm’invite également à définir « ma mission » et à « Osez inventer votre propre voie » pour m’épanouir dans ma vie personnelle et professionnelle, l’un ne va pas sans l’autre.
La question du bonheur occupaient déjà les stoïciens et les épicuriens. On pourrait voir là-dedans encadrement ersatz de vie disponible sur le marché penseurs de l’Antiquité – qui sont d’ailleurs souvent cités dans les livres modernes et les guides de développement personnel. Mais la différence est significative : aujourd’hui, le désir n’est plus contrôlable, comme il le laisse entendre Epicuremais c’est bien de suivre. Un chapitre entier du guide de développement personnel que je suis en train de parcourir explique comment « dessine ta vision et visualise l’arrivée »mêlant rêves, objectifs et envies sans aucune censure.
Alors que les stoïciens fondent leur approche sur la distinction entre accepter ce qui ne dépend pas de moi (les événements) et travailler sur ce qui ne dépend que de moi (ma présentation des événements), sur encadrement de la vie ne demande pas cet effort et postule que l’homme se réalise en suivant ses désirs et ses passions. La meilleure version de nous-même n’est pas celle sur laquelle nous travaillons pour découper sa volonté, pour freiner ses pulsions sensibles, mais celle dont les désirs sont assouvis (sur ce sujet nous ne pouvons que vous conseiller de lire sur notre site l’analyse d’Eva Illouzqui éclaire les tournants entre l’éthique stoïcienne et encadrement contemporain).
Ainsi le coaching semble renverser l’acceptation, réfuter la déception : mon bonheur dépend de moi dans le sens où cela vient de ma capacité à satisfaire mes désirs et à réaliser mes désirs. C’est ce qui martèle entraîneur de la vidéo je continue: « Il faut oser avancer », à la conquête de ses désirs. Ce serait presque un renversement de la maxime cartésienne bien connue. « Changez vos désirs, pas l’ordre du monde »dit Descartes. Aujourd’hui il faudrait changer l’ordre du monde, pas ses désirs, ou suivre ses désirs, pas l’ordre du monde. Mais est-ce souhaitable pour vous-même ou pour les autres ?
Ne devenons-nous pas son premier tyran ?
sur encadrement de la vie crée l’impression de liberté vertigineuse que l’individu aurait sur lui-même. Il est maître du conseil, de son temps et de ce qu’il apporte aux autres : « Maîtrisez votre agenda et apprenez à dire non »dit le chapitre 8 du guide de Jenny Chamas. La vidéo de Karine Leclerc Saliège conseille aussi « la liberté de pensée et la levée des freins mentaux »car « pas de succès si vous n’avez pas le bon état d’esprit ».
Mais en insistant sur le fait que « si tu veux, tu peux » et que tout dépend de l’effort, la pression et la culpabilité de ceux qui échouent peuvent en fait augmenter. Dans cet esprit, mon guide pour encadrement cela montre que« Il n’y a pas de bonnes décisions, il n’y a que des élections ». Mais n’est-ce pas effrayant? Ne vaut-il pas mieux savoir qu’il existe autant de bonnes et de mauvaises décisions que de bons et de mauvais désirs ? En nous incitant à suivre nos désirs puis en nous donnant toutes les forces pour les satisfaire, le développement personnel fait également peser sur nos épaules un fardeau sans précédent.
Ceci est souligné par les critiques de libéralisme sous-jacent encadrement,, séparé de Thierry Jobard dans son essai Contre le développement personnel (Rue de l’échiquier, 2021). Derrière l’ordre de développer une version améliorée de soi, l’auteur voit une responsabilité accrue de l’individu sur lui-même, tournant à l’exploitation de lui-même. Nous deviendrions alors notre propre tyran, loin de la promesse originelle de liberté. « Toutes les femmes sont des héroïnes de la vie », répète Leclerc Saliège dans sa vidéo ; mais quelle tâche difficile alors, si je dois l’accomplir.
Ce qu’ils font entraîneurs moi même?
Quand j’envoie cette critique à Cécile Viniane et Anne-Claire de Lavigerie, entraîneurs pour Elixir Conseil et auteur, pour ce dernier, de 7 portes s’ouvrent ou sont sur le point de s’ouvrir pour mieux faire ensemble (Editions Ovadia, 2020), ils semblent l’accepter après en avoir fait une demande croissante. » Les notres l’estimation est que le nombre de professionnels dans encadrement a doublé ces dix dernières années. Il est tentant de l’expliquer par la montée de l’individualisme et l’effacement des cercles collectifs comme la politique, la religion, la famille et le travail. Lorsque nous parlons de la meilleure version de nous-mêmes, cela peut encourager l’individu à être résilient, à bouger. Mais l’ordre d’être bon partout, en revanche, l’oblige à rechercher la perfection, ce qui peut être dangereux, tout en créant une société narcissique. Cette manie de la perfection sur tous les territoires peut aussi faire courir le risque de déprécier ceux « qui se contenteraient de vivre ». La place du collectif dans la vie de l’individu est souvent réduite, dévalorisée. Tout se passe comme si les valeurs du collectif avaient été saisies par l’individu au service de la construction de son identité, et non plus comme un éveil de l’engagement de l’individu au service du collectif. C’est pourquoi nous préconisons en entreprise un accompagnement alternant individu et équipe, stimulant l’intelligence collective en plus de la performance individuelle. »
Perte de repères
« Il faut oser prendre sa place, arrêter de ne pas se sentir légitime »,, expliquer la vidéo à encadrement quand sa fin est venue. Mais quel endroit exactement ? Pour Carlos TinocoProfesseur agrégé de philosophie, essayiste et psychanalyste, encadrement de la vie « Répond à un besoin qui traverse la société, plus profond que le simple désir de satisfaction ». Les notions de base qui structurent les attentes et les ordres collectifs auxquels les gens obéissaient jusqu’aux années 1970 sont remises en question ou ébranlées.
Aujourd’hui, beaucoup plus livré à lui-même, l’individu cherche un guide, un appui qui le mène à sa propre réalisation. Ce qui se définit comme la meilleure version de soi n’est alors qu’une affirmation de sa singularité. Se débarrasser des voies professionnelles qui ont prévalu jusqu’ici, accepter ses rêves, oser être ce que l’on est, sont autant d’invitations à ne pas penser à une équipe qui s’effondre.
Les modèles historiques sont contestés (rappel du déboutonnage des statues), les grands hommes sont désormais critiqués et « ce qui se désagrège est, en général, un tout imaginaire lié au patriarcat. »dit Carlos Tinoco. « Et une société qui offre une place à chacun. » De la crise de l’autorité (du père, de l’école, du responsable politique, etc.) à celle du travail (brûlé,, secouercrise d’importance…) en passant par des allégations de genre (religion, ethnie ou ethnicité…) ou de respect de l’éthique (sensibilisation à l’environnement, féminismedroits des animaux, etc.), « Les représentations traditionnelles qui soutenaient la structure générale de la société sont en train de s’effondrer. »
Enthousiasme pour encadrement sera donc une des réponses à ce changement. L’individu, laissé seul dans un monde de plus en plus opaque, cherche des repères, coach de vie il la donne : la meilleure version de lui-même est celle qu’il choisira lui-même, pas celle que la société pourrait lui donner ou lui ordonner de suivre.
Pour la difficulté d’être soi-même dans une équipe en mouvement
Le défi le plus important pour les personnes est de trouver leur place et leur identité dans une société où le commandement d’être soi a remplacé le devoir (professionnel, familial, religieux) : Quel rôle veux-tu jouer ? »Interroger entraîneur En vidéo. Curieux retournement de plancheÉpictète qui, au contraire, nous recommande de tout mettre en œuvre pour jouer le rôle qui nous est assigné : « N’oubliez pas que vous jouez dans une pièce choisie par le metteur en scène : courte, s’il voulait courte, longue, s’il voulait longue. S’il te fait jouer le rôle d’une mendiante, joue-la comme tu peux ; et faites de même que vous jouiez un boiteux, un homme d’état ou un particulier. Choisir un rôle est le travail de quelqu’un d’autre. »
Il est donc difficile de croire que la meilleure version de soi, représentée par le développement personnel, en soit une ; il y a plutôt des subjectivités qui cherchent à trouver leur place dans un collectif. « Et celle-ci reste à penser »conclut Carlos Tinoco.