Il est difficile d’être plus emblématique que La médecine ! Au coeur des années 80, le spleen adolescent se teinte de post punk Robert Smith marqué de façon indélébile toute une génération. Il fallait sans doute être né entre 67 et 77 ans pour avoir le droit et la légitimité d’assister à cette nouvelle tournée, passée par Nantes le 15 novembre 2022. Le public de moins de 45 ans se comptait sur les doigts de la main : les années sont passé et on ne rencontre plus dans la société les armées clones de Robert Smith et des Siouxsie d’antan. Ils sont devenus des quinquagénaires sympathiques qui semblent venir à la recherche de leurs émotions de jeunesse perdues… En revanche, le poids des années ne se fait aucunement ressentir sur La médecine. Que ce soit le look, l’attitude scénique, le son, tout est dans la lignée de la légende. Ce qui frappe le plus, c’est la voix triste et adolescente si caractéristique de M. Smith. Elle n’a pas bougé d’un pouce, tout comme le son de ses tubes de guitare et de basse métronomique de Simon Gallup.
Bref, The Cure est à la hauteur de sa réputation. Comme à son habitude, Smith & Co nous offrira un concert passionnant d’une durée de près de 3 heures. Dans son architecture, le concert sera, cette fois encore, une longue montée en puissance, commençant par des ballades atmosphériques pleines de spleen, qui se termineront par un déluge de tubes historiques. Des versions de « Pictures of you », « Kyoto song », « A night like this », « Lovesong » ont immédiatement posé les bases de l’identité des curistes pour le plus grand plaisir du public, plus enchanté, hypnotisé et captivé que démonstratif. De nouvelles chansons suivront dans la même veine, avant de laisser place à un certain nombre de titres, dont quatre extraits de l’album culte Seventeen seconds. Après « M » et « La nuit » on passera aux « choses sérieuses » avec « Play for Today », « Charlotte Parfois » et « The Drowning man », sans oublier la magnifique version de « A forest ». probablement le meilleur moment de ce concert et terminera le premier rappel, qui est assez court.
The Cure est de retour pour prendre le relais avec une séquence de succès qui sortira le public de son état hypnotique grâce à ‘Lullaby’, ‘The walk’, ‘Friday I’m in love’, ‘Close to me’, ‘In between’ jours », « Comme au paradis » et « Les garçons ne pleurent pas ». Sur le papier tout est parfait, à très haut niveau et conforme à ce que l’on attend du combo mythique créé à Crawley ! Mais nous avons quelques réserves. Le premier d’entre eux est le son de batterie proéminent de Jason Cooper. Dans un spectacle de maladresse et de jeu constants, les tambours s’étouffaient, obscurcissaient une grande partie de la douceur et de la délicatesse de l’osmose du son historique de la Cure. Le second est le solde de la set list. Nous avons senti que Robert Smith J’ai davantage apprécié les longs airs pleins de spleen des années 90 dans les premières minutes du concert que la « meilleure » partie était jouée en mode automatique, sans déviations et relectures intrusives… C’est dommage car le public a répondu en présence et ne voulait-il pas seulement se laisser emporter.
Bref, il y a un peu de déception face à cette performance de la Cure, mais peut-être en attendais-je trop ? Pour autant, cela ne remet pas en cause le talent, le grand répertoire et le besoin de les voir sur scène. Mais on aimerait quand même que le groupe change de batteur. Et de lui donner notre propre set list, dans laquelle on retrouvera « Faith », « Fascination street », « Jumping another another’s train », « Killing an arab », « Shake dog shake », « The Holy Hour », « Love cats », « 10:15 Saturday Night », « Three Imaginary Boys », « Cairo Fire », « Stop », « Why Can’t I Be You » et « Lost ». Ajoutés aux titres historiques joués le 15 novembre, cela, il aurait donné un concert beaucoup plus intense…
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