passionné, enthousiaste, Delphine CochetAgé de 37 ans, il s’est toujours investi pleinement dans son projet entrepreneurial. Cette mère de deux enfants, créée en 2018 Ma bonne féeune entreprise qui envisage dans un premier temps d’accompagner les parents de retour de congé maternité en mettant à leur disposition un réseau d’infirmières de nuit.
Peu avant la pandémie, début 2020, la solution a évolué vers un modèle BtoB pour répondre à la demande des entreprises, celle du bien-être des salariés. « On a réussi à gagner de l’argent, mais on avait l’ambition d’aller plus loin », explique Delphine Cochet, lié avec Luca Stevenson et Vin Giang Vovan. Les entrepreneurs souhaitent développer la solution autour de l’accompagnement des salariés dans les moments de précarité : parentalité, aidants, maladie, handicap, deuil, stress professionnel, difficultés financières… En proposant les services de care managers, de coachs, mais aussi des services logistiques complémentaires : des places en crèches, jardins d’enfants, cours, etc.
Une évolution de modèle qui a beaucoup demandéénergie. « Nous avons décidé de contacter les responsables RH de différents groupes et entreprises courant mars. la nuit, avec
première détention
tout ce que nous voulions mettre en place s’est arrêté », explique le responsable de 10 employés, qui entend franchir le cap du million d’euros de chiffre d’affaires d’ici la fin de l’année. Commence alors une course contre la montre pour sauver l’entreprise et populariser ses nouveaux services. Delphine Cochet met en place un plan de communication sur les réseaux sociaux avant l’été 2020, repense la stratégie commerciale, prépare des offres pour les entreprises, demande une aide financière à sa banque et s’engage
campagne de financement participatif
pour financer la garde d’enfants pour les soignants.
Fatigue chronique
L’entrepreneure est prête en ce moment même à beaucoup sacrifier pour son entreprise… au point de tomber dans un manège à un moment donné. « Pendant le travail, je me suis levé à 6 heures du matin. Mon moral n’était pas mauvais car je faisais beaucoup de choses passionnantes, mais la journée ne s’est jamais arrêtée. Je gérais, par tranches de deux heures, les enfants avec mon mari, qui était en pleine révision », raconte cette maman de deux enfants, alors âgés de 2 et 3 ans. Le soir, elle travaille jusqu’à minuit, voire jusqu’à deux heures du matin.
Fin juin, Delphine Cochet est épuisée. Une fatigue que le sommeil ne guérit plus. De nombreux symptômes physiques apparaissent, à commencer par des douleurs abdominales massives. En juillet 2020, à la rentrée des vacances scolaires, alors qu’elle devait faire les valises de ses enfants pour les emmener chez ses parents en Charente-Maritime, elle s’évanouit. Des crises d’angoisse la paralysent et l’empêchent de respirer. « Quand je suis allé chez le médecin, elle m’a très vite demandé comment je me sentais. Cette période de stress très intense, qui délivre beaucoup de cortisol sans jamais s’arrêter, a fait des ravages sur mon corps », explique Delphine Cochet, qui a ensuite suivi le « cours classique » des anxiolytiques et des antidépresseurs pendant un an. « Si j’étais seul, l’entreprise s’effondrerait. J’ai même postulé pour un emploi après avoir accouché », ajoute la responsable.
vie lente
Cette expérience l’a radicalement changée. Après ce burn-out, le manager a revu son rapport au travail et a appris à se débrouiller. « La collecte de fonds qui a commencé à l’été 2021 a failli me faire perdre à nouveau mes jambes. C’est un exercice très difficile : vous avez une série de réunions, vous êtes constamment confronté à des défis. On finit par confondre ce qu’on a dit à qui », raconte le dirigeant. Delphine Cochet s’appuie sur ses partenaires, les invite à des rendez-vous importants, apprend à se détendre, se culpabilise et retrouve l’estime de soi.
« Le journal de gratitude m’a vraiment aidé. Chaque soir, j’écrivais quelque chose de bien que j’avais bien fait », conseille le gérant. Revenant pleinement aux affaires un an après son burn-out, Delphine a transformé son quotidien en adoptant un rythme de vie un peu plus lent. Elle décroche complètement le week-end, assiste à des séances de coaching, fait plusieurs pauses dans la journée, suit des cours de yoga, de méditation ou de sophrologie chaque semaine. « Nous avons depuis intégré des séances de sophrologie et de coaching pour notre appli, des ateliers de gestion du stress et des émotions pour les salariés », explique le trentenaire.
Delphine Cochet a également repensé l’organisation familiale quotidienne avec son mari. « Nous avons décidé d’allouer un budget à une nounou qui organise les sorties scolaires et aide au ménage de la maison. Un choix qui devient important quand on a des enfants relativement jeunes », reconnaît l’entrepreneur.
Delphine Cochet conseille également à tous les patrons en difficulté de s’ouvrir à leurs proches et collègues, comme elle a su le faire avec
Réseau Willa
, dédié au soutien des femmes. « Même si ce n’est pas facile, il ne faut pas cacher ses difficultés. Il faut en parler et lever les tabous », confie Delphine Cochet. Un changement vécu en pleine conscience qui lui a permis une véritable renaissance.