Savoir gérer les profils des collaborateurs peut être le challenge de 2023 pour les DRH. Un nouveau concept alimente la littérature managériale depuis plusieurs mois, celui de refus silencieux. Certains parlent de « démission tranquille », pour désigner les salariés qui réduisent leur travail à ce qui est requis par leur description de poste. Ils ne travaillent plus après les heures, ils ne répondent plus aux e-mails, ils ne viennent pas toujours aux réunions.
Mais nous ne parlons que de « désengagement » serait réducteur, voire erroné. « Les salariés ont équilibré leur niveau d’exigence entre ce qu’ils donnent et ce qu’ils reçoivent »a expliqué Benoit Serre, vice-président adjoint de l’Association nationale des défenseurs des droits de l’homme (ANDRH), lors d’une conférence de bilan 2022. « nouvelles organisations du travail ».
« Le détachement est progressif et non prononcé. C’est pourquoi nous parlons de refus silencieux »a témoigné Elliott Boucher, co-fondateur d’Edusign, une start-up d’éducation de vingt employés qui a récemment rencontré le problème : « Un de nos développeurs, qui était là depuis un an et demi, a commencé à travailler un peu plus lentement que d’habitude, jusqu’à ce qu’il se retire et finisse par quitter l’entreprise. Un deuxième employé arrivé il y a quelques mois a répété le même scénario jusqu’à ce qu’il soit placé sur un nouveau projet. Le premier était à dessein, peut-être moins intéressant que celui de ses confrères. »
Une fois que refus silencieux détectée, la startup a pris des mesures préventives pour interrompre la dynamique insidieuse et éviter l’hémorragie des départs : « Le problème avec Edusign, c’est que nous sommes tous distants. Lorsqu’on demandait aux employés si tout allait bien, la réponse était toujours oui. Par conséquent, nous avons créé un processus de suivi des employés en organisant des entretiens trimestriels avec les objectifs de travail et leurs aspirations personnelles pour maintenir l’équilibre travail-vie personnelle. Un troisième cas a été identifié et résolu. Nous essaierons de trouver le bon équilibre pour chacun. »
L’importance de la vie privée est régulièrement exprimée par les jeunes dans les sondages d’opinion. Dans la dernière édition du baromètre « jeunes et entreprises » réalisé par la BVA pour la Fondation Jean Jaurès et Macif et publié fin novembre, 30% des jeunes estiment qu’une entreprise doit leur permettre d’avoir du temps libre pour leur vie personnelle (36% des bac +3).
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