Publié le 17 septembre 2022
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de
Article de l’IREF Europe
là » grosse démission l’encre n’arrête pas de couler. dans L’écho 8 septembre, Jean-Marc Vittorisur la base des données de la Dares (ministère du Travail), affirme qu’un million de Français ont renoncé aux leurs CDI après six mois « 20% de plus qu’avant l’épidémie ».
« Attention, vos employés deviennent des mercenaires »
Prendre les mots Osez les chercheurs, Vitori souligne que ce taux de démission « est élevé mais pas sans précédent ». Ce n’est qu’au XXIe siècle que ce taux a été plus élevé en 2001 et 2008, au plus fort de la croissance économique. Il a ensuite chuté « de près de moitié à mesure que l’activité se calmait. La récession qui se profile donc peut mettre un terme aux troubles ».
Mais Vitori estime que le covid a tout changé et que les employeurs devront être particulièrement imaginatifs pour fidéliser les salariés et attirer de nouveaux talents. C’est sans doute pour cette raison que l’on a vu se multiplier ces dernières années les initiatives telles que les restaurants d’entreprise gratuits du petit-déjeuner au dîner, les services de blanchisserie et les salles de sport situées dans les entreprises, les vacances illimitées, etc.
Comment s’appellent-ils dans la Silicon Valley prime (voir sur ce sujet La vidéo de Luc Julia, l’un des pères de Siri). Mais tout cela ne mène pas à grand-chose, car la « grande démission » frappe même les entreprises les plus généreuses du prime (ou avantages). De plus, dans le même numéro de écho, Muriel Jasor rapporte une étude réalisée par UKG, un fournisseur mondial de solutions RH, qui « indique que 65% des démissionnaires français auraient désormais pitié de leur ancien employeur ». L’herbe n’est donc pas toujours plus verte ailleurs !
Selon Jean-Marc Vitori, c’est la direction qu’il faut changer. Les employeurs n’auront d’autre choix que d’inclure les employés « approfondir l’entreprise pour les intéresser non seulement à l’argent, mais aussi aux objectifs de l’entreprise et aux moyens de les atteindre. Sinon, ils deviendront bel et bien des mercenaires à l’ancienne, dépourvus de toute forme d’attachement.
John Clifton, le PDG de Gallup, ne dit rien d’autre lorsqu’il écrit que gestionnaires ils doivent écouter et coacher davantage leurs employés, leur apprendre à se développer, leur faire sentir qu’ils se soucient vraiment de ce qu’ils sont et font, bref, les aider à s’épanouir au travail.
Cette analyse n’est pas fausse, mais elle place la responsabilité de l’engagement des employés sur les épaules des chefs d’entreprise et des gestionnaires. Nous pensons que c’est un peu court.
Les salariés français parmi les moins engagés au monde
Pour tenir des propos similaires, John Clifton s’est appuyé sur le dernier sondage Gallup intitulé » Rapport sur l’état du lieu de travail dans le monde 2022 qui fait le point sur l’engagement au travail (c’est-à-dire l’engagement et l’enthousiasme dont font preuve les employés dans leur travail et sur leur lieu de travail).
Les employés sont classés par Gallup en trois catégories :
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- L’engagé très engagés et enthousiastes, ils participent activement à l’innovation et à la performance de l’entreprise et font avancer l’organisation.
- Les désengagés ne sont pas attachés à leur emploi ou à leur entreprise ; ils y consacrent du temps, mais pas d’énergie ni de passion.
- Les activement désengagés ils ne sont pas mécontents au travail, mais ils sont insatisfaits et compromettent potentiellement ce que leurs collègues dévoués réalisent.
Gallup estime que le manque d’engagement coûte 7 800 milliards de dollars à l’économie mondiale et représente 11 % du PIB mondial ! Son analyse, basée sur plus de 100 000 entreprises dans 96 pays, révèle une relation étroite entre l’engagement des employés et les résultats de performance de l’entreprise.
À l’échelle mondiale, seuls 21 % des employés sont engagés. On se doute que les différences sont importantes d’un pays à l’autre. Aux États-Unis, 35 % des employés sont engagés. En Europe, la Roumanie se distingue avec 33% de salariés actifs. De nombreux pays de l’ancien bloc de l’Est et des pays du nord du continent suivent avec des pourcentages compris entre 25% et 20%. La France est l’avant-dernière du classement européen avec 6% d’emplois, juste devant l’Italie (4%).
Peu de pays au monde ont un pourcentage aussi bas que la France et l’Italie : l’Algérie avec 7%, Hong Kong avec 6%, le Zimbabwe et le Japon avec 5%.
Peut-être que les entreprises de tous ces pays sont mal gérées – c’est probablement en partie le cas au Japon (cf. Stupeur et tremblements par Amélie Nothomb) – mais il est indéniable qu’en Algérie, au Zimbabwe et à Hong Kong, les perspectives politiques et économiques du pays doivent jouer sur le moral des citoyens et donc sur leur engagement au travail.
Une relation entre l’engagement des employés et la liberté économique ?
Et s’il en était de même en France ?
En Europe, la France et l’Italie sont mal classées dans le dernier rapport sur la liberté économique produit par le Institut Fraser. Les deux sont dans le deuxième quartile du classement, à 54 respectivemente et 44e carrés.
En France, avec un coûts de main-d’œuvre excessifsune fiscalité qui ronge les marges des entreprises et les empêche d’investir, une législation du travail ce qui dissuade beaucoup de bonne volonté, de réglementations et de problèmes administratifs en tous genres…, on peut imaginer que lorsque l’entreprise a besoin de 10 salariés, elle n’en embauche que 9. La charge de travail augmente alors pour chacun, générant fatigue, stress, nervosité, etc. , y compris parmi les managers.
Donc, s’il est tout à fait possible que le leadership français provoque la désunion parmi les employés, l’État a probablement également un rôle à jouer. La réduction de la pression fiscale, des normes et réglementations apportera certainement un nouveau souffle aux entreprises et donc à leurs salariés.
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