Le mauvais encadrement du lieu de travail, principale raison du manque de productivité dans les entreprises ? C'est ce qu'affirment les Européens interrogés par le groupe américain ADP dans son enquête « View of the Workforce in Europe 2019 »*, qui mesure le ressenti des salariés au travail. Selon le rapport, 23 % des personnes interrogées dans huit pays européens, dont la France, ont indiqué une mauvaise gouvernance. Une augmentation de quatre points par rapport à l’édition 2018.
Selon les résultats, les Espagnols (31%) sont les moins satisfaits de leur encadrement, suivis par les Polonais (27%) et les Italiens (27%). Curieusement, la gestion du personnel, souvent critiquée par les Français pour sa rigidité, n'est pas considérée comme le principal obstacle à la productivité. Cette raison n'arrive qu'en deuxième position (15%) après le manque de personnel (16%).
« En France, le management est tellement frustrant qu'il n'est plus considéré comme un levier d'engagement des salariés », déclare Delphine Dueteau, responsable talent et développement d'ADP. Elle ajoute : « Les salariés préfèrent donc identifier d'autres causes dès le début des dysfonctionnements, alors que le management est déterminant dans les entreprises. » En 2017, une enquête Gallup indiquait par exemple que 70 % de l'engagement professionnel dépend du management direct.
Stressés mais optimistes chez les moins de 35 ans
Autre constat du rapport : les Français de moins de 35 ans sont plus anxieux que les travailleurs plus âgés. 84 % d’entre eux déclarent subir du stress au travail une fois par semaine, contre 71 % pour les plus de 44 ans. En France, toutes tranches d’âge confondues, un répondant sur cinq souffre d’anxiété au travail.
Les travailleurs les plus jeunes sont également ceux qui craignent le plus l’impact de l’automatisation du lieu de travail basée sur l’IA. Des craintes plutôt fondées : selon Pôle Emploi, 85% des métiers en 2030 n'existeront toujours pas… Selon l'étude ADP, la finance, l'informatique et les télécommunications seront les secteurs les plus touchés par l'automatisation. « La nouvelle génération, qui risque d'être la plus touchée par la robotisation, perçoit mieux ces changements que ses aînées », explique Delphine Duoto.
Le modèle freelance apprécié des jeunes
Malgré cette menace de remplacement massif par les machines, 82 % des Européens âgés de 16 à 34 ans envisagent l'avenir avec optimisme. « C'est le paradoxe de cette génération, certes, mais aussi consciente de son pouvoir et de sa valeur sur le marché du travail », a analysé le responsable du talent et du développement d'ADP.
Enthousiasmés, les plus jeunes préfèrent encore le modèle indépendant boudé par les autres tranches d’âge. En France, 61% des 16-24 ans envisageraient une carrière d'indépendant… alors qu'en Europe, seuls 15% des sondés seraient tentés par l'expérience.
*Le rapport a été produit par Opinion Matters pour le compte d'ADP en octobre 2018. L'échantillon était composé de 10 585 adultes actifs dans huit territoires d'Europe : France, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Pologne, Espagne, Suisse et Royaume-Uni.